Prospective et questions risques/sécurité par Cécile Wendling, IV 2013
21 mai 2014 – Cécile Wendling, Directrice d’études à Futuribles sur la prospective des risques
IV 2013 « Prospective et Risques/Sécurité »
Céline Wendling a fait son voyage dans le cadre d’un programme individuel sur le thème de la prospective et des risques/sécurité en se rendant à Washington, Boston, San Francisco, La Nouvelle Orléans et Atlanta.
Directrice d’études au sein du think tank d’analyse prospective Futuribles, Cécile Wendling a notamment travaillé à la mise en place d’un « Observatoire prospectif de la Défense » et à l’organisation de formations à la prospective auprès de cadres dirigeants. En 2012, elle a travaillé sur la gestion des conséquences de Fukushima en France dans le cadre d’un partenariat de recherche entre le Centre de Sociologie des Organisations (CSO) de Sciences Po Paris et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Elle a également participé à un projet sur les entreprises et les risques environnementaux, en travaillant sur l’affichage environnemental et a rédigé un rapport pour l’OCDE sur l’usage des réseaux sociaux dans la communication de crise. En 2011, elle a participé à un projet de recherche collectif sur la prise en compte des sciences sociales dans la gestion des risques sanitaires et environnementaux qui a donné lieu à un atelier en janvier 2013 à Paris co-organisé par le CSO et l’Agence nationale de la sécurité environnementale et sanitaire (ANSES).
Les deux thématiques de son programme IV – prospective et risques/sécurité – lui ont permis, aux travers de multiples entretiens, de s’interroger sur la façon dont les Etats-Unis se projettent dans le futur, avec quels outils et quelles méthodes et de voir quels sont pour eux les sujets prioritaires et leur vision des risques à venir.
Sur le thème de la gestion de crise, Cécile Wendling a pu rencontrer le chef de la police de Boston et échanger sur les méthodes d’enquête (techniques industrielles comme le « quick pick », les « fusion center » qui croisent l’ensemble des petits bouts d’information afin d’obtenir une image complète de la crise) ; à la Nouvelle Orléans, elle a rencontré différents experts ayant travaillé sur la catastrophe de l’ouragan Katrina (question de la création de zones de non-droit créées par la catastrophe, gestion du post-accidentel). Elle a pu notamment visiter avec les ingénieurs les digues en cours de construction pour protéger la ville à l’avenir. A Atlanta, elle a visité la salle de crise du Center for Disease Control and Prevention (CDC), où sont utilisés très en amont le « big data » et les algorithmes prédictifs. Elle soulignait néanmoins à ce sujet que si le « big data » rend possible l’analyse prédictive, cet outil a le défaut de se baser uniquement sur des informations rapportées et numérisées laissant invisibles certains pans de réalité (ainsi en va-t-il de crimes « sous rapportés » tels le viol).
Sur le thème de la prospective, elle a pu rencontrer divers experts et institutions. A Washington, elle s’est entretenue avec le père de la prospective américaine qui s’est battu pour une prospective au service des décideurs politiques. Ce dernier regrette aujourd’hui le déclin du Congressional Research Service et le fait que désormais, seuls l’armée et les renseignements fassent de la prospective, mais en s’appuyant trop souvent sur des informations classifiées, ce qui conduit à perdre la vue d’ensemble. Cependant, ces derniers sont influents dans d’autres champs comme celui du traitement des données de santé. Par ailleurs, elle a pu visiter ces autres institutions particulièrement actives en matière de prospective que sont, d’une part les gardes côtes et le National Oceanic and Atmospheric Administration (à cause du changement climatique), et d’autre part la Federal Emergency Management Agency (FEMA) (qui s’efforce depuis Katrina de mieux intégrer la dimension prospective dans ses missions).
Pour ces institutions, les sujets prioritaires pour la réflexion en matière de prospective sont : l’avenir des villes (en Chine, notamment, avec les villes « copier/coller », et plus généralement au niveau mondial avec le phénomène d’urbanisation et de littoralisation – les risques urbains et climatiques entrainant des risques économiques majeurs), la sécurité alimentaire (OGM, impression 3D), l’avenir de la santé et de l’environnement avec le changement climatique, la biologie de synthèse, les nanotechnologies, la fin de l’ONU et la fin de l’Union européenne. A ce sujet, certains de ses interlocuteurs étaient inquiets de la baisse des investissements européens en matière de défense et d’un modèle institutionnel qui ne prend pas – ce discours faisant écho à celui du discours du « pivot » américain vers l’Asie.
Cécile Wending retenait en définitive que les Etats-Unis ont une confiance immense dans les nouvelles technologies. Le futur est vu avant tout à travers le changement technique et la croyance est ancrée que la technologie va sauver la vie. A cet égard, la visite de la Singularity University située dans la Silicon Valley sur le campus de la NASA a occupé une place particulière dans le voyage de Cécile. Le thème de l’appel à projets de cette Université est parlant : proposer un projet pilote permettant de changer la vie d’1 million de personnes en 5 ans. Les projets pilotes à la pointe de la technologie sélectionnés (ex : télémédecine et outils d’auto-diagnostic) se trouvent ensuite financés directement par les investisseurs en capital-risque qui sont à l’origine de la création de l’Université.
Le programme a été particulièrement instructif également en termes de découverte d’outils méthodiques de prospective. Par exemple, Cécile a pu appréhender des méthodes telles que celles développées par l’Institute for an Alternative Future ou encore de nombreux index permettant de mettre à jour des tendances statistiques prospectives. Enfin, le recours à la science-fiction pourrait selon elle s’avérer fécond pour l’analyse prospective : partir des livres écrits par des chercheurs (i.e. la « hard Science Fiction ») permet de comprendre comment les technologies peuvent changer la société.
En comparaison de la France, elle notait que, là où notre travail en matière de prospective se fait de façon scientifique, aux Etats-Unis le travail prospectif porte d’avantage sur des aspirations, sur le futur souhaitable, en fonction d’une vision du monde, plutôt que seulement sur le futur possible. Par ailleurs, elle soulignait qu’en France la prospective était trop souvent segmentée entre différentes institutions ou entreprises, et que dans les grands groupes, elle était trop souvent confondue avec de la stratégie (bien que de plus en plus se créent des directions de la prospective indépendantes de celles de la stratégie) ce qui produit souvent un biais.
Enfin, le programme a surtout donné l’envie à Cécile Wendling de faire avancer la prospective en Europe – elle est à cet égard rapporteur du groupe de travail qui proposera la création d’une « cellule prospective » auprès du président de la Commission européenne –, mais aussi de creuser les enjeux technologiques d’avenir.
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