Conférence Elections américaines
L’objectif de la conférence était de croiser l’expérience des International Visitors et des spécialistes des Etats-Unis sur le résultat des élections américaines afin de dresser quelques perspectives politiques, sociales et internationales pour les prochaines années. .
Intervenants :
- Gilles BIASSETTE, IV 2003, Spécialiste de la politique américaine au journal La Croix, auteur du livre « Où va l’Amérique » (Baker Street 2012)
- Olivier GUEZ, IV 2004, Journaliste et écrivain, auteur du livre « American Spleen » (Flammarion 2012)
- Jacques PORTES, Professeur émérite Paris 8, auteur de « Barack Obama, l'épreuve du pouvoir » (Payot, 2012)
Le Cercle Jefferson a réuni trois spécialistes des Etats-Unis, dont deux anciens IV, pour faire le point post élections et aborder certaines problématiques qui risquent de marquer le second mandat de Barack Obama.
Gilles Biassette a replacé cette élection dans le contexte économique américain marqué par la dette, le déficit et une croissance encore faible. A ses yeux, le résultat est éclairant : Obama a gagné car le pays va mieux qu’il y a quatre ans, mais le résultat par Etat fait apparaître un résultat étriqué avec des victoires autour de 50% (Colorado, Virginie). Autrement dit, si le succès d’Obama est réel, il est serré pour un président sortant qui a perdu des voix en quatre ans.
L’Amérique va donc mieux, mais pas bien. Pour 60% des Américains, le pays est sur la mauvaise voie. Ce sentiment d’inquiétude est persistant et est alimenté par le débat sur le déclin. Une majorité doute que le XXIème siècle sera américain. Doute ou réalité ? Difficile à déterminer.
Ce sentiment de fragilité progresse au sein de la classe moyenne, qui constitue la force des Etats-Unis. Il peut se ressentir de plusieurs façons :
- Entreprises emblématiques
Du temps où GM était l’entreprise n°1, celle-ci produisait aux Etats-Unis et permettait d’accéder à la classe moyenne. C’était dur, mais le rêve américain fonctionnait.
Aujourd’hui, Wal-Mart a remplacé GM. Elle importe 80% de ses ventes, paye mal ses salariés et produit des travailleurs pauvres.
- Niveau d’éducation
L’émergence de nouvelles puissances se ressent également au niveau de l’éducation. Aujourd’hui, les résultats enregistrés par les Etats-Unis sont dans la moyenne de l’OCDE, le niveau a baissé.
- Croissance des inégalités
L’accès au rêve américain devient de plus en plus difficile.
Ces éléments résument l’état d’esprit qui prévaut aujourd’hui aux Etats-Unis.
La thèse du déclin n’est pas nouvelle. A chaque fois le pays a su rebondir grâce à ses qualités comme l’innovation, la prise de risque. Mais la situation n’est pas la même, car le monde s’est américanisé.
Pour Olivier GUEZ, ces élections ont fait ressortir trois éléments marquants :
1) La fin d’une période pour le parti républicain, marquée par la stratégie sudiste de Nixon.
2) Un changement démographique majeur, avec un parti misant sur les classes ouvrières blanches et les cols blancs et écartant les minorités notamment les Latinos qui ont voté à 70% Obama alors qu’au niveau des valeurs ils ont une plus grande proximité avec les Républicains.
3) Un pays fondamentalement centriste. La fin de la campagne a été marquée par un net recentrage. Les élections de mi-mandat en 2010 ont été l’expression d’une colère, d’une mélancolie. Les Américains sont perdus, les Etats-Unis sont marqués par une perte de repère et de dégout.
L’idée que la génération suivante aura une meilleure vie est cassée. C’est une décennie terrible pour les Américains marquée par le 11 septembre, deux guerres, des scandales, la crise économique et financière et une succession de catastrophes naturelles.
Ce n’est pas tant la montée des pays émergents qui pose problème. Leur développement n’est pas perçu comme un obstacle à la puissance américaine. La RFA et le Japon ont plutôt favorisé l’économie américaine.
La Chine est un cas particulier, mais pour concurrencer réellement les Etats-Unis elle doit devenir une puissance asiatique. Or elle est cernée par d’autres puissances qui lui contestent ce rôle (Inde, Japon, Russie).
Enfin, Jacques PORTES a mis en lumière les défauts de cette démocratie institutionnelle. La victoire ne doit pas faire oublier les archaïsmes qui minent la démocratie de l’intérieur.
1) Le poids exorbitant des grands électeurs
D’une part, la constitution ne reconnait pas le résultat du vote populaire, mais celui des grands électeurs. Ce système avait été mis en place pour calmer les passions populaires et la crainte qu’un président ne devienne un despote. Aujourd’hui, ce système est choquant et entraîne des effets pervers. Les équipes de campagnes se sont focalisés uniquement sur les Etats cibles. D’autre part, l’écart important entre le jour de l’élection et celui de l’entrée en fonction aboutit à retarder les décisions. Enfin, après les élections l’ancien Congrès reste en session. Cette procédure est inutilement complexe car le nouveau Président doit pour une période limitée gérer une relation avec le législatif qui est appelé à changer dès le début de son mandat.
- La suppression des grands électeurs permettrait de réduire les délais
2) Les élections des Représentants tous les deux ans.
La versatilité des électeurs fournit l’occasion de créer les conditions d’une cohabitation qui bloque le système. Aucune législation ne passe.
De plus les élections coûtent chères, ce qui aboutit à ne pas opposer de candidats là où les chances de victoire sont nulles et… assurer une longévité exceptionnelle pour certains membres du Congrès.
3) Le Sénat s’est imposé à lui-même la règle des 3/5 pour empêcher le filibustering, alors qu’une majorité simple aurait suffi.
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